Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/104

Cette page n’a pas encore été corrigée

core plus rudes, et par mille indignités, à des dignités. Dans ces postes si élevés, le terrain est glissant ; il est difficile de s’y soutenir ; et l’on n’en peut descendre que par une chute ou du moins par une éclipse ; ce qui est toujours affligeant. Quand on n’est plus ce qu’on a été, à quoi bon continuer de vivre ? On ne peut pas toujours se retirer quand on le veut ; et souvent aussi on ne le veut pas quand on le devroit. La plupart des hommes ne peuvent endurer une vie privée, malgré l’âge et les infirmités qui demanderoient de l’ombre et du repos. En quoi ils ressemblent à ces vieux bourgeois qui, n’ayant plus assez de force pour se promener par la ville, demeurent assis à leur porte où ils exposent leur vieillesse à la risée.

Les personnages revêtus des grands emplois, ont besoin d’emprunter l’opinion des autres pour se croire heureux ; car, s’ils n’en jugeoient que d’après leur propre sentiment, ils ne pourroient se croire tels : mais quand ils songent à ce que les