Page:Bacon - Œuvres, tome 11.djvu/453

Cette page n’a pas encore été corrigée

me dit : vous voudrez bien m’excuser ; on me demande pour une affaire pressée qui m’oblige de vous quitter. Le lendemain matin, m’étant venu retrouver, il me dit, d’un air satisfait : « vous êtes plus heureux que vous ne pensez ; on annonça hier au gouverneur de cette ville, l’arrivée d’un des membres de l’institut de

    futurs qui, ayant quelque défaut secret et fort rebutant, auroit voulu tromper l’autre, seroit condamné à payer les deux visites. Comme il est peu d’individus qui ne soit quelquefois obligé de se montrer, dans l’état de nature, à quelque homme de l’art, et pour son propre intérêt, on feroit alors cette exhibition pour ne tromper qui que ce soit. Mais que feroit-on des individus rebutés plusieurs fois, après de tels examens ? Eh bien ! on les marieroit ensemble, passez-moi ma loupe, je vous passerai votre cautère. Le seul inconvénient que j’y voie, c’est que la pudeur souffriroit un peu de telles visites, tandis que la beauté y gagneroit, et que nous ne sommes pas accoutumés à de telles précautions. Mais tous ces inconvéniens seroient bien légers en comparaison de ceux auxquels on s’expose, en promettant d’aimer durant toute sa vie ce qu’on a pris sans le connoître.