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ces paroles d’un ton affectueux, garda le silence, en quoi nous l’imitâmes ; nos langues étant comme liées par l’admiration qu’avoit excitée en nous son discours, où nous voyons d’ailleurs une sincérité qui ne nous laissoit plus aucun doute sur tout ce qu’il venoit de nous dire ; pour

    tion a déjà eues, nous font espérer qu’elle aura un jour un semblable institut et dirigé par le même esprit, et même par cet esprit encore meilleur dont nous parlions plus haut ; la vraie manière de conquérir le monde et de l’affranchir, c’est de l’éclairer, en s’éclairant soi-même. Si l’univers entier étoit instruit, il n’y auroit plus d’esclaves ; car la justice, en chaque société (de nations ou d’individus) n’étant que l’utilité du grand nombre, et le grand nombre étant naturellement le plus fort, il est clair que la force est naturellement du côté de la justice, et qu’on ne peut asservir les hommes qu’en les trompant. Ce sont des prejugés qui nous enchaînent, et d’autres préjugés qui rivent nos fers. C’est en aveuglant le genre humain que ses tyrans l’enrôlent contre lui-même, et emploient ses propres mains pour l’opprimer. Ses ennemis lui crient sans cesse, croyez ; ses amis lui disent d’un ton plus bas, examinez.