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LES JEUNES GENS LES VIEILLARDS
de bienfaisance, d’humanité. prudens et plus sages à leur profit[1].
Ont plus de confiance en leurs propres forces, d’audace et d’espérance. Sont plus timides et plus pusillanimes, se défiant de tous et de tout.
Ont plus de douceur, de complaisance et de facilité. Sont mécontens de tout, roides, difficiles, moroses.
Sont sincères, francs et ouverts. Sont plus circonspects, plus couverts et plus dissimulés.
Sont ambitieux, et aspirent à ce qu’il y a de plus élevé. N’aspirent qu’au nécessaire et au repos.
Préfèrent le temps présent au temps passé, et aiment la nouveauté. Vantent le passé, et tiennent à leurs habitudes.
Respectent et honorent leurs supérieurs. Censurent et dénigrent les leurs.
  1. Les jeunes gens vont plus étourdiment au but commun, et les vieillards plus prudemment à leur propre but ; parce qu’au grand jeu de la vie, comme à ces petits jeux qui en font partie, on commence par être dupe, et l’on finit par être fripon. Les vieillards n’ayant plus assez de forces pour eux-mêmes, et étant, à chaque instant, obligés d’en emprunter, n’en ont plus à prêter ; ils sont trop pauvres, à cet égard, pour pouvoir rendre fidèlement et donner libéralement ; n’ayant presque plus rien, ils gardent tout.