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riables ; en un mot, qui sont épineuses et étroites, arides et contentieuses ; ces philosophies, dis-je, sont les pires, et ne peuvent qu’abréger la durée de la vie de ceux qui les cultivent. De ce genre étoient celles des Péripatéticiens et des Scholastiques[1].

    et qui varie même pour chaque individu, en différens temps. Ainsi, l’art de prolonger sa vie n’est pas l’art de tout ramener à telle mesure précise et toujours la même, puisque les différens individus n’ont point de mesure commune, et qu’aucun d’eux n’a de mesure fixe ; mais l’art de mesurer ses discours et ses actions sur le caractère et le tour d’esprit de tous ceux avec qui l’on est obligé de vivre, afin de se bien ajuster à eux et de les bien ajuster à soi, dans les différentes situations où l’on se trouve en se faisant continuellement cette question : que sont-ils par rapport à moi ? et que suis-je moi-même par rapport à eux ? car tout est relatif ; or, comme les termes de toutes les relations changent à chaque instant, les relations changent aussi continuellement, et il faut avoir sans cesse la mesure à la main.

  1. Cette philosophie abrège la vie, parce qu’elle dessèche, racornit et roidit, avant le temps, tou-