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dernière que la première ; précepte qu’il faut appliquer aux exercices de l’esprit, ainsi qu’aux exercices du corps. Quoi qu’il en soit, il n’est pas douteux qu’un régime et un genre de vie judicieusement choisi, ne soit le plus puissant et le premier de tous les moyens tendant à la pro-

    nité même seroit détruite ; car, dès que le mouvement cesse, il n’y a plus de temps. Mais si les oppositions sont, pour la machine humaine, comme pour la machine universelle, un principe do vie, d’un autre coté, des oppositions trop grandes ou trop fréquentes sont pour l’homme un principe de mort. Si l’on est trop avare de ses forces, on perd toutes celles dont on ne fait point usage ; mais aussi, en usant trop de sa vie, on l’use. La machine humaine, comme toute antre, n’a qu’une force limitée, et ne peut exécuter qu’un certain nombre de mouvemens d’une force déterminée. Si elle joue trop vite, elle ne jouera pas long-temps ; et ce qu’elle gagnera en vitesse, elle le perdra en durée. Ainsi, pour prolonger sa vie, en en usant, il faut savoir l’économiser sans en être avare ; et pour l’économiser ainsi, passer toujours par degrés d’un opposé à l’autre, en graduant aussi l’opposition même.