Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/161

Cette page n’a pas encore été corrigée

en parlant du champ de bataille de Pharsale : Quand la postérité tirera leurs os de ces tombeaux où ils sont renfermés, ils lui paraitront d’une grandeur énorme, et elle qualifiera de géans ceux qu’on y aura ensevelis. En effet, quoiqu’on ne puisse disconvenir qu’il n’y ait eu jadis des hommes d’une stature gigantesque, dont on a trouvé les os en Sicile ou ailleurs, dans de très antiques monumens, ou dans des cavernes[1] ; ce-

  1. Les faits relatifs à ces géans sont en si grand sombre, et quelques-uns sont si bien constatés, qu’on ne peut raisonnablement révoquer en doute leur existence. D’ailleurs, examinons d’un peu près les raisons d’après lesquelles nous croyons cette existence impossible, notre incrédulité sur ce point paroitra ridicule à nos propres yeux. Nous croyons que les hommes et les ânes d’aujourd’hui ne sont pas plus grands que ceux d’autrefois : cela peut être ; mais comment l’avons-nous appris ? Avons-nous mesuré les uns et les autres ? et sommes-nous bien certains que, dans l’intervalle, les uns n’aient pas changé, tandis que les autres restoient les mêmes ? connoissons-nous toutes les causes de la stature actuelle de notre espèce et de