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bloit se complaire dans sa vie dure et dans son ordure. Zénon, de Cée, vécut quatre-vingt-dix-huit ans ; philosophie d’une âme généreuse et élevée, méprisant les vaines opinions, d’un esprit toutefois très pénétrant, sans être d’une fatigante subtilité ; mais tendant plutôt à gagner les

    preuve, des preuves provisoires, préparatoires, et dont la destination est seulement d’aider l’esprit à s’élever au principe général et incontestable, qui est la base de la preuve générale et rigoureuse ; parce que les idées et plus encore les images de sujets particuliers parlant davantage à l’imagination, faculté plus active que la raison, donnent ainsi à l’esprit l’activité nécessaire pour étendre et généraliser ses idées. Cette petite digression logique est d’autant plus nécessaire, que les écrivains imaginatifs raisonnent trop peu, et que les écrivains raisonneurs ne peignent pas assez ; les savans parlent trop à leurs semblables, et pas assez au vulgaire ; cependant il s’agit beaucoup moins de découvrir les vérités les plus utiles qui sont déjà trouvées, que de les persuader, de les répandre, de les naturaliser dans l’esprit des ignorans, et de faire ainsi, de son loisir, un travail, en le rendant utile aux hommes laborieux.