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DES SCIENCES, L. II. CH. XIII.

et trompeuse de la lune. Que le monde se suffise à lui-même, et ait tout ce qu’il lui faut, c’est ce qu’indique la fable, en disant qu’il n’engendre point. En effet, le monde engendre par parties : mais comment par son tout pourroit-il engendrer ; vu que, hors de lui, il n’est point de corps[1] ?

Quant à cette femmelette, à cette Jambé, fille putative de Pan, c’est une addition fort judicieuse à la fable. Elle représente toutes ces doctrines babillardes sur la nature des choses, qui vont errant çà et là dans tous les temps : doctrines infructueuses en elles-mêmes, qui sont comme autant d’enfans supposés ; agréables quelquefois par leur babil, mais quelquefois aussi importunes et fatigantes.

  1. Il engendre par son accouplement avec le Verbe divin, selon les uns ; avec l’amour, selon les autres ; ou selon d’autres encore, avec l’esprit. Milton nous représente le Saint Esprit sous la forme d’un pigeon couvant un gros œuf qui renfermoit le monde entier, et dont il devoit éclorre.