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petites, il arrive quelquefois que les histoires de cette espèce, à cause de cette grandeur même qu’elles recherchent, étalent plutôt ce que les affaires ont de pompeux et de solemnel, qu’elles n’en indiquent les vrais principes et les textures les plus délicates. Il y a plus : quoiqu’elles ajoutent et mêlent à la narration les causes et les motifs ; néanmoins, toujours à cause de cette même grandeur à laquelle elles se plaisent, elles supposent, dans les actions humaines, plus de prudence et de sérieux, qu’il ne s’y en trouve en effet[1]. Ensorte que telle satyre seroit un tableau plus vrai de la vie humaine, que telle de ces histoires. Au contraire, les vies, pour

  1. Si l’on en veut croire les discours de la plupart des hommes, ce sont toujours de grandes et importantes raisons qui sont les vrais mobiles de leurs actions ; mais si l’on en croit ses yeux et la triste expérience, ce sont presque toujours de petits motifs qui les déterminent : les premiers, ne sont que la draperie ; et les derniers, le nud, l’homme même.