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temps où tant de palais, de temples, de châteaux, de villes, sont tombés en ruine ou ont été rasés. Il n’est déjà plus possible de retrouver les portraits et les statues de Cyrus, d’Alexandre, de César, et d’une infinité de rois et de princes beaucoup plus modernes. Les originaux, usés par le temps, ont péri, et les copies perdent de jour en jour de leur ressemblance. Mais les images des esprits demeurent toujours entières dans les livres, n’ayant rien à craindre des ravages du temps, vu qu’on peut les renouveller continuellement. Mais, à proprement parler, ce nom d’images ne leur convient point ; et cela d’autant moins, qu’elles engendrent, pour ainsi dire, perpétuellement, et que, répandant leurs semences dans les esprits, elles enfantent et suscitent, dans les siècles suivans, une infinité d’actions et d’opinions. Que si l’on a regardé comme une découverte grande et admirable l’in-


    que perdu ; car que de gens s’en sont mêlés, et ont voulu y mettre du leur !