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qu’on lui apportoit la nouvelle de ce combat de rats et de grenouilles qu’a chanté Homère ; de même aussi aux yeux de qui contemple l’immensité des choses et la totalité de l’univers, le globe terrestre, avec tous les hommes qui sont dessus, si vous en ôtez ce que les ames ont de divin, ne semblera rien de plus qu’un petit groupe de fourmis, dont les unes chargées de grains ; les autres portant leurs œufs, d’autres à vide, rampent et trottent autour d’un petit tas de poussière. Ainsi la science détruit ou du moins diminue beaucoup la crainte de la mort et de l’adversité, crainte si préjudiciable à la vertu et aux mœurs ! Tout homme dont l’ame sera bien pénétrée de la pensée de la mort et de la nature corruptible de toutes choses, n’aura pas de peine à être du sentiment d’Épictète, qui, rencontrant un jour, au sortir de sa maison, une femme qui pleuroit parce qu’elle avoit brisé sa cruche ; et le lendemain en rencontrant une autre qui pleuroit la mort de son fils dit : hier, j’ai vu briser