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core d’autres exemples qui prouvent la même chose ; mais quant à lui, qui ne sait combien il avoit, à l’aide des sciences, cultivé son esprit ? et c’est ce qui paroît, ou plutôt ce qui brille dans ses dits et réponses, toutes pleines d’érudition, et dans lesquelles, quoiqu’il ne nous en reste qu’un petit nombre, on voit des traces profondes de chaque genre de connoissances.

Parlons-nous de la morale, considérez cet apophthegme d’Alexandre sur Diogènes, et voyez, je vous prie, s’il n’établit pas une des plus importantes questions que cette science puisse proposer ; savoir lequel est le plus heureux de celui qui jouit des biens extérieurs ou de celui qui sait les mépriser ? Car voyant Diogènes se contenter de si peu, il se tourna vers ceux qui l’accompagnoient, et leur dit : si je n’étois Alexandre, je voudrois être Diogènes[1]. Mais

  1. C’est-à-dire, il me faut tout ou rien ; manière de penser peu étonnante dans un homme si excessif, qui, non content de conquérir ce monde, en demandait un autre pour le tourmenter. Il est pourtant un milieu ; ce seroit de posséder le nécessaire, et quelque peu plus, afin de n’être pas trop près de l’indigence ; milieu moins admirable sur la place, mais plus commode à la maison.