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diverses sur la nature de l’ame, tombe sur certain musicien[1], qui décidoit hardiment que l’ame étoit une harmonie, et dit plaisamment : celui-ci ne s’est pas éloigné de son art. C’est sur ce genre d’erreurs qu’Aristote fait cette remarque si judicieuse et si conforme à ce que nous disons ici : ceux qui voient peu[2] sont fort décisifs.

Une autre erreur encore, c’est cette impatience qui, en rendant incapable de supporter le doute, fait qu’on se hâte de décider, au lieu de suspendre son jugement, comme il est nécessaire et aussi long-temps qu’il le faut. Car les deux routes de la contemplation ne diffèrent point des deux routes de l’action dont les anciens ont tant parlé : routes dont l’une,

  1. Aristoxène. Il paroît qu’Hippocrate avoit adopté cette opinion, qui peut être fausse, mais qui heureusement ne donne la fièvre ni au médecin, ni au malade.
  2. Or, ce même Aristote, qui voyoit beaucoup, n’en décidoit pas moins.