Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

base et de profondeur ; car le temps, semblable à un fleuve, voiture jusqu’à nous les choses légères et enflées coulant à fond celles qui ont plus de poids et de solidité.

Une autre erreur différente des précédentes, c’est cette impatience et cette impudence avec laquelle on s’est hâté de former des corps de doctrines pour les réduire en art, et de les ramener à des méthodes. Ce pas une fois fait, la science n’avance plus, ou n’avance que bien peu. En effet, de même que nous voyons que les jeunes gens, quand une fois leurs membres et les linéamens de leur corps sont entièrement formés, ne croissent presque plus ; de même aussi la science, tant qu’elle est dispersée dans des aphorismes et des observations détachées peut encore croître et s’élever : mais est-elle une fois circonscrite et renfermée dans des cadres méthodiques, on peut bien encore lui donner un certain poli, un certain éclat ; mais on a beau faire alors, la masse ne prend plus d’accroissement.