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damner tout homme qui prend peine à polir et à relever par l’éclat des mots ce que la philosophie peut avoir de rude et d’obscur : nous voyons de grands exemples de ces ornemens dans Xénophon, Cicéron, Sénèque, Plutarque et Platon lui-même, et l’utilité en cela n’est pas moindre que l’agrément ; car, quoique la recherche de ces ornemens nuise quelque peu à la connoissance de la vérité[1], et à une étude plus profonde de la philosophie, parce qu’elle assoupit l’esprit avant le temps, éteignant le désir et la soif des découvertes ultérieures ; néanmoins si l’on a le dessein d’appliquer la science aux usages de la vie commune, et aux différentes circonstances où il s’agit de discourir, de consulter, de persuader, de raisonner, et au-

  1. En ce genre comme en tout autre, l’on ne trouve que ce qu’on a cherché. Qui cherche la vérité, la trouvera enfin si elle est à la portée de l’homme ; et qui cherche des mots, ne trouvera que des mots.