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n’a pas laissé autrefois d’avoir cours de temps à autre, s’est étonnamment accrédité vers le temps de Luther. La raison de cette vogue est qu’on s’efforçoit alors de donner aux discours publics toute la chaleur et l’efficace possible, pour flatter et attirer le peuple. Or, un but de cette espèce demandoit un genre de diction populaire, à quoi se joignoient la haine et le mépris que commençoient à inspirer les Scholastiques, qui usoient d’un style et d’un genre de diction tout-à-fait différent ; forgeant sans retenue des mots étranges et barbares, et s’embarrassant peu des ornemens et de l’élégance du discours, pourvu qu’ils pussent éviter les circonlocutions, et exprimer leurs idées et leurs conceptions avec une certaine finesse. Mais qu’en arriva-t-il ? Que peu après on commença à s’attacher plus aux mots qu’aux choses ; la plupart estimant plus une phrase bien peignée, une période bien arrondie, des désinences bien cadencées, et l’éclat des tropes, que le poids des choses, et cou-