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tion (qui est le germe de la science), est agréable par elle-même ; mais lorsque nous en déduisons des conséquences qui, appliquées avec peu de justesse à nos propres affaires, engendrent de lâches terreurs ou des désirs immodérés, alors enfin naît ce tourment et ce trouble d’esprit dont nous parlons ; car c’est alors que la science n’est plus une lumière sèche, comme l’exigeoit cet Héraclite si obscur, lorsqu’il disoit : lumière sèche, excellent esprit, elle n’est désormais qu’une lumière humide, et comme trempée dans les humeurs des passions.

La troisième règle demande une discussion un peu plus exacte, et ce ne serait pas assez de la toucher en passant ; car, s’il est quelque mortel qui, de la seule contemplation, des choses sensibles et matérielles, espère tirer assez de lumières pour dévoiler la nature, ou la volonté divine, voilà l’homme qui se laisse abuser par une vaine philosophie. En effet, la contemplation de la nature, quant aux créatures elles-mêmes, produit la