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moi, je l’avoue ingénument, si j’ose estimer cet ouvrage, c’est plutôt comme un fruit du temps, qu’à titre de production du génie. Car tout ce qui peut s’y trouver d’étonnant, c’est que quelqu’un ait pu en avoir la première idée, et que des opinions si accréditées aient pu à tel point lui paroître suspectes. Le reste n’en est qu’une conséquence. Mais il est sans contredit une sorte de hazard, je ne sais quoi de fortuit, non pas seulement dans les actions et les discours des hommes, mais dans leurs pensées même. Et par ce mot de hazard, dont je fais usage, je veux dire que, s’il se trouve ici quelque chose de vraiment bon, c’est à l’immensité de la munificence et de la bonté divine, et au bonheur de votre temps qu’il faut l’attribuer. Or, ce temps dont je parle, vivant, je l’ai servi avec tout le zèle dont je suis capable ; et, après ma mort, peut-être, ce flambeau que j’allume dans les ténèbres de la philosophie, pourra éclairer la marche de la postérité. Mais à quel