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docteur edgar bérillon

ne les lâchent que complètement nettoyés, les découpent, les rognent et les grattent comme s’ils se livraient à quelque travail d’orfèvrerie.

Ils font beaucoup de bruit en mangeant, râclent la sauce avec leur couteau qu’ils sucent ; si la lame est pointue, elle sert quelquefois de cure-dents ; ils enfournent coup sur coup de larges morceaux des mets variés placés devant eux. Car on leur a apporté tout ensemble : viande, pommes de terre et autres légumes, souvent des asperges ou des choux-fleurs, qu’ils avalent en même temps que la viande et les pommes de terre. Ils coupent les asperges avec leur couteau et les mangent jusqu’au bout, car elles sont généralement très cuites. Si elles sont dures, l’habitude ou leur goût les entraînant, ils s’y acharnent, et j’ai vu des gens mastiquer énergiquement les fibres des gros bouts d’asperges qui résistaient à la déglutition comme du caoutchouc.

J’en ai vu d’autres, dans des wagons-restaurants et des brasseries fréquentés par la société moyenne, essayer d’avaler le foin des artichauts et de croquer la croûte des melons.


La goinfrerie des femmes allemandes ne se distingue par aucune atténuation. À aucun point de vue, on ne saurait distinguer la moindre trace de cette réserve, de cette pudeur alimentaire, qu’on retrouve chez les femmes de tous les autres pays. Le fait est tellement frappant que Jules Huret a cru devoir le signaler dans les termes suivants :

Toute trace de coquetterie a disparu. La femme et l’homme sont égaux et semblables : ce sont des bêtes repues et digérantes ; le ton des voix monte très haut, une sorte d’expression insolite a remplacé la retenue du commencement du repas. Nous sommes au moyen âge encore païen et on voit bien que ce qui empêche la kermesse publique, c’est la seule ombre de Luther.


En 1879, un observateur auquel on doit les plus judicieuses observations, Gaétan Delaunay écrivait dans ses Études de biologie comparée :

Cet appétit des Allemands tient à la race, puisque les bonnes allemandes, de l’avis des placeuses de Paris, ne sont jamais rassasiées[1].


Il ajoute dans un autre passage :

Toutes les placeuses vous diront que les bonnes allemandes sont extrêmement gourmandes et s’empiffrent constamment.


Dans les Récits d’un vieil Alsacien, dont la lecture nous apporte des renseignements d’une si grande valeur sur la psychologie des immigrés en Alsace-Lorraine, Jeanne et Frédéric Régamey ont dessiné la silhouette de l’Allemand qui mange. Il est impossible de fixer d’une façon plus exacte l’objectivité par laquelle apparaît un des traits les plus caractéristiques de la mentalité germanique.


Le véritable Allemand, au sang pur, non souillé de mélanges étrangers, commence par éloigner un peu sa chaise de la table, même lorsque la rotondité de son ventre ne l’y oblige pas. Il s’assied bien d’aplomb, fixe à droite et à

  1. Gaétan Delaunauy : Études de biologie comparée. Physiologie, p. 12, 18.