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si bon, devenu académicien, mais que de beaux et légitimes succès littéraires n’ont pas empêché de se décourager trop tôt, Wilhem Bocquillon[1], inventeur d’une admirable méthode musicale, qui, en popularisant son art, a rendu un grand service à la France et surtout aux classes ouvrières, pour lesquelles la musique est un moyen d’amélioration.

En parlant de Wilhem, qui a fait de si charmants airs pour quelques-unes de mes chansons et que le temps donné à sa Méthode a empêché d’arriver à une haute réputation de compositeur, il me prend envie


    de bien, l’Horace à la fois et le Franklin de la France, qui a jeté sur la littérature de notre temps, avec l’éclat de sa riche poésie, tout le lustre que le caractère ajoute au talent. Il appartenait à ce grand artiste de langage, qui a cultivé son génie avec tant de constance et l’a élevé si haut par la volonté et le travail, à cet amateur passionné de la belle langue française dont nous sommes les conservateurs, il lui appartenait d’en venir partager avec nous la tutelle. Nous avons ici le fauteuil de la Fontaine ; il attendait le grand chansonnier qui fit de ses chansons, comme la Fontaine l’a dit de ses fables,

    « Une ample comédie à cent actes divers. »

    La Marie Stuart (1820), le Cid d’Andalousie (1825) et le Voyage en Grèce (1828) de M. Lebrun lui ont valu, dans la haute littérature, une place des plus enviées. Il était le camarade, au Prytanée impérial, de Wilhem et de M. Antier ; et c’est par eux qu’il devint l’ami intime de Béranger.

  1. Mort en 1842. « Louis-Guillaume Bocquillon est né à Paris en 1781. C’est en voyant le goût français pour tout ce qui a un air d’étrangeté, surtout en musique, qu’il prit le nom de Wilhem, traduction d’un de ses prénoms, et qu’il faut lui conserver, puisqu’il l’a mis en réputation. » (Correspondance. Lettre du 7 mai 1842.)