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Note LXXVII. — Au titre.

Qui le croirait ? Ces missionnaires, qui firent tant de mal et sont encore la cause de tant de scandales, ne paraissaient pas assez dangereux, en 1819, à certains députés libéraux. Plusieurs de ceux qui craignent toujours de voir les abus où ils existent, parce qu’on leur impose l’obligation de les attaquer, reprochèrent à Béranger cette chanson, qu’ils trouvaient trop violente. C’était d’ailleurs, selon eux, afficher trop de philosophie et donner occasion aux dévots de pousser des cris d’alarme. Que de fois le pauvre chansonnier eut-il à repousser de pareilles observations, faites par des hommes qui se vantaient pourtant de penser comme lui ! En vain dix fois l’événement justifia-t-il ses prévisions ; à chaque attaque il fut en butte à de pareils reproches. Il finit par en rire, et, chaque fois qu’ils se renouvelaient, on l’entendit proposer à ses prétendus amis de le désavouer publiquement, s’ils l’osaient. C’est dans une de ces occasions qu’il disait à l’un d’eux : « Ne m’ayez aucune obligation des chansons que j’ai faites pour servir la bonne cause. Ne m’en ayez que de celles que je n’ai pas faites contre vous tous. »

Ces hommes sont ceux qui portaient envie à la popularité de Manuel, et qui parvinrent à empêcher sa réélection en 1824. Ce sont eux qui, en 1827, après la chute de Villèle, firent prendre à la Chambre une marche indécise, qui ne pouvait servir que leur ambition personnelle, au risque de déconsidérer le gouvernement représentatif, dont la France espérait retirer tant de fruits. Le résultat de la politique de ces personnes a été de faciliter l’arrivée du ministère Polignac. (Note de Béranger.)