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La publication des pièces de la procédure, lues à l’audience, constituait-elle une récidive ? Telle était la question, qui devait tomber devant la raison que, l’audience étant publique, le premier venu, ainsi que ne cesse de faire la Gazette des Tribunaux, peut recueillir à son gré la procédure et les pièces. Nos Brid’oisons du parquet ne l’entendaient pas ainsi, et Marchangy ne rougit pas de soutenir encore cette accusation portée contre moi. Quel amour de l’avancement ! Il en fut puni cette fois : car son talent lui fit faute, et le jury, à la majorité d’une seule voix, il est vrai, fit triompher la logique puissante et les vigoureux arguments de Dupin, qui, dans cette affaire, fut assisté de Berville[1], plaidant pour l’imprimeur. Le digne gendre du bon Andrieux, mon vénérable ami, fit dans son plaidoyer un éloge de moi qui, n’eût-il pas été reproduit si souvent, ne fût jamais sorti de ma mémoire.

Si le jury, qui, à cette époque, allait se voir enlever les affaires de presse, eût cédé aux efforts de Marchangy, j’aurais été condamné à deux ans de détention, et c’était lorsque je n’avais plus que deux

  1. M. Berville, aujourd’hui (1860) président honoraire de la cour impériale de Paris. M. Berville (Saint-Albin) est né à Amiens, le 22 octobre 1788. Ses principales plaidoiries ont été recueillies. Il a publié de jolis vers et édité, de concert avec M. François Barrière, la collection des Mémoires relatifs à la Révolution française.