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son traitement de membre de l’Institut, dont trois années arriérées me furent payées d’abord. Je donnai la plus grande partie de cette somme à mon père[1], à qui je devais bien des mois de nourriture et je sus faire assez pour moi des mille francs annuels que me valut le traitement d’académicien[2].

Dans les deux seules entrevues que j’eus, à cette époque, avec M. Lucien, il me fit beaucoup d’observations sur les hardiesses de mon style. Je ne voulus rien défendre et lui avouai que j’étais complétement dépourvu d’instruction classique. Jamais il ne m’avait tant coûté de dire que je ne savais pas le latin, cette langue dont je croyais, avec tout le monde alors, qu’on ne pouvait se passer pour bien écrire en français[3]. M. Lucien le pensait sans doute aussi ;

    mon compte et à donner quittance de mon traitement fixe de l’Institut national de France, depuis l’époque où j’ai cessé de toucher ce traitement. La présente à valoir auprès du caissier de l’Institut comme procuration suffisante et spéciale.

    « Lucien Bonaparte, membre de l’Institut. »

    Lucien Bonaparte avait quitté la France au mois d’avril.

  1. Le père de Béranger demeurait rue Saint-Thomas-du-Louvre, no 19.
  2. Le traitement des académiciens est de quinze cents francs pour toutes les classes de l’Institut ; mais, dans la classe de littérature, on fait une retenue du tiers à chaque membre pour payer les jetons de présence et faire des pensions à ceux qui, ayant soixante ans, n’ont pas au moins six mille francs de revenu personnel. (Note de Béranger.)
  3. « La France a le bonheur d’avoir en ce moment un poëte éminent ; un poëte qui offre l’union si rare d’un grand talent et du plus noble caractère ; un poëte dont l’imprimerie a vainement essayé de reproduire