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LES FEUX FOLLETS


Air : Faut l’oublier, disait Colette (Air noté )


Ô nuit d’été, paix du village,
Ciel pur, doux parfums, frais ruisseau,
Vous embellissiez mon berceau ;
Consolez-moi dans un autre âge.
Las du monde, ici je me plais ;
Tout y retrace mon enfance,
Oui, tout, jusqu’à ces feux follets.
Jadis leur éclat et leur danse
M’auraient fait fuir à pas pressés.
J’ai perdu ma douce ignorance.
Follets, dansez, dansez, dansez.

On racontait aux longues veilles
Qu’ils étaient moqueurs et méchants ;
Que ces feux gardaient dans nos champs
Bien des trésors, bien des merveilles.
Revenants, lutins, noirs esprits,
Sorciers, malignes influences,
À tout croire on m’avait appris.
Je voyais des dragons immenses
Sur les donjons des temps passés.
L’âge a soufflé sur mes croyances.
Follets, dansez, dansez, dansez.