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ÉMILE DEBRAUX e*


Chanson-prospectus
POUR LES ŒUVRES DE CE CHANSONNIER


Air : Dis-moi, soldat, dis-moi, t’en souviens-tu (Air noté )


Le pauvre Émile a passé comme une ombre,
Ombre joyeuse et chère aux bons vivants.
Ses gais refrains vous égalent en nombre,
Fleurs d’acacia qu’éparpillent les vents.
Debraux, dix ans, régna sur la goguette,
Mit l’orgue en train et les chœurs des faubourgs,
Et roulant roi, de guinguette en guinguette,
Du pauvre peuple il chanta les amours.

Toujours enfant, gai jusqu’à faire envie,
En étourdi vers le plaisir poussé ;
Pouffant de rire à voir couler sa vie
Comme le vin d’un tonneau défoncé ;
Sifflant le sot sous les croix qu’il découvre,
Ou sur son char le grand mal affermi ;
Sans s’informer par où l’on monte au Louvre,
Du pauvre peuple il est resté l’ami.

Mais, dites-vous, il avait donc des rentes ?
Eh ! non, messieurs ; il logeait au grenier.
Le temps, au bruit des fêtes enivrantes,