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« M. Baudouin n’a point de pareils titres à produire pour sa défense. Toutefois, peut-être ne la jugerez-vous pas indigne de fixer votre attention, si une conduite toujours honorable, si l’aménité du caractère, si de nombreux services rendus à l’industrie sont des titres à votre bienveillance ; si les intérêts de la liberté de la presse, dont le sort est lié à la décision que vous allez rendre, sont de quelque prix à vos yeux.

« Des préventions fâcheuses, et dont nous voulons ignorer la source, ont été répandues contre M. Baudouin à l’occasion de ce procès. On a voulu faire entendre que M. de Béranger était sa victime, qu’il se sacrifiait pour lui ; que Baudouin seul était le promoteur d’une publication qui a soulevé tant de susceptibilités. Ces préventions ont trouvé des échos dans plus d’un salon ; elles percent dans l’instruction du procès ; elles vous suivraient peut-être dans la chambre de vos délibérations, si nous ne nous empressions de les dissiper. Et peut-être aussi le pouvoir, qui poursuit à regret cette affaire, ne serait-il pas fâché de saisir un moyen de satisfaire, en sacrifiant un pauvre libraire, aux opinions opposées qu’il croit devoir également ménager. La loyauté de M. de Béranger a déjà déjoué ce calcul ; notre tâche est de compléter une justification que lui-même a commencée.

« Par son traité, M. de Béranger accordait à M. Baudouin le droit de réimprimer ses anciennes chansons ; il y joignait la concession d’un certain nombre de chansons à choisir, bien entendu, par l’auteur ; car un écrivain tel que M. de Béranger ne se serait pas mis, pour la publication de ses ouvrages, à la discrétion de son libraire. En effet, M. de Béranger a déclaré lui-même que seul il avait