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tous, quoi qu’on dise (et nous l’établirons bientôt), vous ne craignez pas de publier qu’après la mort il n’y a rien, que la vertu comme le crime, au-delà de la vie, trouvent un égal néant. Et n’a-t-on pas dit que si un Dieu vengeur et rémunérateur n’existait pas, il faudrait l’inventer ? Que si une incrédulité funeste a germé dans votre cœur, gardez-y votre déplorable secret ; mais ne venez pas arracher à la vertu malheureuse la dernière espérance, son unique consolation dans les maux d’ici-bas ; ne venez pas ôter au crime heureux son unique frein, en éloignant de lui la crainte salutaire d’une autre vie !…

« Si de ces atteintes portées par les vers du sieur de Béranger aux dogmes, bases de la morale et de toute croyance religieuse, nous passons à l’examen de ceux incriminés pour des attaques non moins coupables contre les principes fondamentaux de notre ordre social, c’est avec un sentiment de douleur que nous signalons d’abord à votre animadversion l’offense faite la personne du roi et à la dignité royale par la publication de la pièce de vers intitulée le Sacre de Charles-le-Simple[1].

« Ici le respect dû à la majesté royale interdit presque toute explication ; il suffit de lire et la prétendue chanson et son préambule pour apprécier l’outrage dans toute sa gravité ; l’allusion frappe et saisit au premier coup d’œil, et il n’est besoin d’aucune contention d’esprit, d’aucun effort d’imagination pour en comprendre le sens et la portée. Comme nous, messieurs, vous la reconnaîtrez à travers le voile transparent qui la couvre.

« Oui, c’est en recherchant dans nos annales le souvenir d’un roi faible et malheureux, que le sieur

  1. Tome II, page 266.