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étrange partialité passait toutes les bornes, et que tout citoyen avait le droit de se défendre devant l’opinion publique, quand il y était traduit par l’insertion dans les journaux d’un réquisitoire dans lequel il était accusé : j’ai pensé qu’il n’était pas indifférent pour un homme accusé sur quatre chefs de faire savoir qu’il avait été acquitté sur trois. Du reste, je n’ai pas voulu qu’on en usât pour la défense comme on en avait usé en faveur de l’accusation. On voulait n’imprimer que ma plaidoirie, j’ai demandé qu’on y ajoutât le réquisitoire pour que la balance fût égale.

« On a parlé de la clémence royale ! Personne ne s’en défie ; mais c’est une mauvaise manière d’obtenir des condamnations que de dire : On fera grâce !… On a recours à son souverain quand on est coupable ; de Béranger est innocent, il ne demande que justice. »

Ici Me Dupin se plaint du refus obstiné de la police, de saisir les nombreuses contrefaçons des chansons de de Béranger ; on n’a pas seulement voulu le poursuivre, on a voulu le ruiner. L’avocat parle aussi des vexations qu’on a fait éprouver à son client dans la prison : il a été soumis à des perquisitions pour un Supplément qu’il n’avait pas publié et qu’il a toujours dénié. On a été jusqu’à le fouiller comme un voleur ! « Il a eu tort de le souffrir, dit Me Dupin ; il devait se dépouiller de ses vêtements un à un, sur ordonnance du juge, plutôt que de laisser porter sur lui d’indignes mains. Quoi qu’il en soit, ces recherches n’ayant produit aucun résultat, on n’a rien imaginé de mieux que de lui faire un procès, pour avoir imprimé un arrêt ! Voilà, messieurs, l’étonnant sujet de ce nouveau procès, dont la conséquence serait d’un an d’emprisonnement ! Mais j’ai suffisam-