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mis un fait à la place du fait véritable : elle est venue vous dire : MM. de Béranger et Baudouin ont réimprimé des chansons condamnées. Point du tout : la question porte à faux. Nous n’avons pas imprimé des chansons ; nous avons imprimé un arrêt : des arrêts ne sont pas des chansons.

« Mais l’arrêt contient des chansons ! Est-ce ma faute ? Est-ce moi qui l’ai rédigé ? L’arrêt contient des chansons ! Cela se peut : je n’en sais rien ; cela ne me regarde pas. C’était un arrêt : je ne l’ai pas lu ; je n’ai pas dû le lire.

« Que prétendez-vous donc ? Parce que l’arrêt contenait des chansons, était-il interdit de l’imprimer ? Mais c’est la suppression de l’arrêt que vous prononcez. Fallait-il l’émonder, en retrancher les passages condamnés ? Voilà les arrêts de la cour soumis à la censure préalable des imprimeurs !

« Veuillez, de grâce, observer combien de circonstances réunies en notre faveur ! Le compte rendu fidèlement d’un débat public, nous l’avons prouvé, ne peut être coupable ; mais tous les éditeurs de semblables relations n’ont pas un intérêt également légitime à la publicité du débat, tous les débats ne consistent pas en pièces, et les pièces sont ce qu’il y a de moins altérable par la passion, la négligence ou la mauvaise foi ; toutes les pièces ne sont pas officielles, toutes les pièces officielles ne sont pas des arrêts, tous les arrêts enfin ne sont pas lus en audience publique

« Ici toutes ces circonstances viennent concourir à notre justification : nous avons rendu compte d’un procès ; ce procès est le nôtre ; ce que nous avons imprimé est une pièce ; cette pièce est officielle ; cette pièce officielle est un arrêt ; et cet arrêt a été lu publiquement au débat.