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vaste pour contenir la France tout entière ; loin d’en être blessées, la Justice et la loi en eussent été satisfaites ; leur désir eût été plus complètement rempli. Et moi, en publiant le débat, je n’ai rien fait qu’agrandir l’enceinte de la cour d’assises.

« Ainsi, lorsque j’ai rendu un compte public d’un débat public, loin de violer la loi, j’ai accompli la loi, j’ai complété par l’impression la publicité légale de l’audience ; j’ai ajouté la publicité de fait à la publicité de droit ; ou plutôt, ce n’est pas moi qui suis l’auteur de la publication, c’est la cour elle-même. Dans les autres écrits, la pensée de l’auteur est secrète jusqu’au moment de l’impression ; c’est l’impression, c’est la mise en vente qui constituent la publication. Ici, la publication était consommée quand j’ai commencé d’imprimer ; je ne l’ai point faite, je l’ai continuée. La véritable publication s’est effectuée au moment où le président de la cour d’assises a prononcé ces paroles : Huissier, ouvrez les portes de l’audience.

« Rendre compte d’un débat public, c’est donc faire non seulement ce que la loi permet, mais ce que la loi désire ; c’est ajouter à la publicité d’une chose dont la loi veut la publicité ; c’est remplir l’intention du législateur.

« Ceci posé, il ne reste plus qu’à décider un point de fait fort simple ; c’est de savoir si l’arrêt de renvoi a fait partie du débat ; mais cette question n’en est pas une : chacun sait que les arrêts de renvoi font partie des débats criminels, qu’ils font la base de ces débats ; c’est la lecture de l’arrêt de renvoi qui ouvre les débats. Vous en avez eu la preuve dans cette audience même.

« Tout notre crime est donc d’avoir fidèlement rendu compte d’un débat public ; de n’avoir retranché