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s’y trouve reproduite dans toute son étendue comme dans toute sa sévérité ; elle était éloquente ; la défense, on le savait déjà, ne l’avait pas été moins. On lit l’accusation, on cherche la réponse, cette réponse qui doit laver un auteur chéri des reproches amers élevés contre lui ; cette réponse qui, victorieuse devant la justice sur presque tous les points, sera sans doute également victorieuse au tribunal de l’opinion publique ; on la cherche… c’est en vain. La censure (qui, comme l’a spirituellement dit l’orateur du ministère public, n’a pas été instituée pour le plaisir des lecteurs), l’inexorable censure a tout supprimé…

« Grand Dieu ! sous un gouvernement libre, la défense d’un accusé supprimée ! Un cri général s’est élevé : c’est vous-mêmes que j’en atteste ; et ici ce n’est point l’opinion que j’interroge, c’est la conscience : l’opinion ici n’est rien, la conscience est tout. Je vous prends donc à témoin qu’en ce moment il n’est pas un homme, quels que fussent d’ailleurs ses passions ou ses principes, pourvu qu’au fond de son cœur brûlât encore une étincelle de générosité, qui ne se soit écrié : Si j’étais de Béranger, je ferais imprimer ma défense.

« Ce que tous vous eussiez fait, messieurs les jurés, c’est ce qu’a fait M. de Béranger. Il a fait mieux encore : impartial dans sa propre cause, il a joint à ses défenses les plaidoyers du ministère accusateur et les pièces officielles du procès, imprimées sur les copies délivrées par le greffier de la cour, et légalisées par la signature de l’officier ministériel.

« Voilà la cause de M. de Béranger ; voyons maintenant celle de M. Baudouin… »

(Ici l’avocat examine quelles étaient les obligations légales de l’imprimeur, et prouve qu’il ne devait pas être mis en cause ; il continue : )