Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attaqué que les travers et les ridicules de certains ministres. En effet, attaquer les abus, c’est respecter la chose. L’Écriture Sainte le dit positivement[1] ; et si vous lisez saint Jérôme, vous y trouverez des mercuriales bien plus fortes que les traits qu’a pu lancer Béranger[2]. Du reste, je vous ai fait connaître ses principes religieux ; il ne vous est plus permis de révoquer en doute son respect pour la Divinité ; mais vous savez aussi quel est son Dieu : ce n’est pas celui de la vengeance, c’est le Dieu des bonnes gens.

« On a voulu écarter des ministres chansonnés par Béranger, et de quelques autres individus qui se trouvent dans le même cas, le reproche d’avoir agi avec passion et par ressentiment. Sont-ce les ministres, a-t-on dit, qu’on a voulu chansonner dans le couplet Que font ces nains ? Sont-ce les ministres, ou d’autres, qu’on a voulu offenser par les deux lignes de points qui se font remarquer dans les couplets de l’Enrhumé ?

« Ah ! sans doute, ceux que Béranger a offensés n’ont pas eu la maladresse d’agir à découvert ! Ils n’avaient garde de venir vous dire ingénument : C’est nous qu’on a voulu célébrer dans ce couplet… Cette lettre que vous voyez, cette majuscule, cette initiale, eh bien ! c’est la première lettre de mon nom !

  1. Saint Paul veut qu’on reprenne publiquement les mauvais prêtres, afin de purifier le sanctuaire, et de retenir par la crainte d’une honte publique ceux qui seraient tentés de manquer à leurs devoirs. Peccantes (presbyteros) coram omnibus argue, ut et cæteri timorem habeant. (Epist. ad. Timoth, 5, 19)
  2. On peut voir un passage très curieux de saint Jérôme, cité dans le plaidoyer de Me Dupin jeune, prononcé le 24 janvier 1820, dans le premier procès suscité au nom des missionnaires contre le Constitutionnel, qui, comme on se le rappelle bien, fut renvoyé absous de l’accusation.