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d’autres par des discours, celui-là par une pétition, celui-ci avec un couplet. Tel est Béranger :


Oui, je suis un pauvre sauvage
Errant dans la société,
Et pour repousser l’esclavage,
Je n’ai qu’un arc et ma gaîté.


« De telles armes n’ont jamais paru séditieuses, jusqu’ici du moins !

« Du reste, peut-on dire qu’il ait, dans ses couplets, fait preuve de noirceur ou de méchanceté ? Non, il n’a jamais attaqué les particuliers, il a respecté leurs personnes, leurs mœurs ; il n’a attaqué que les actes du pouvoir, quand il a cru voir que les fonctionnaires qui en étaient revêtus en abusaient contre la liberté publique. Un seul mot suffirait pour peindre son caractère. On lui proposait de composer une chanson contre un grand personnage alors en disgrâce, on lui indiquait la matière des couplets. — À la bonne heure, dit-il, quand il sera ministre.

« Cette conduite répond assez aux calomnies dont il s’est vu l’objet : on a profité de son procès pour faire courir, sous son nom, des chansons atroces que son cœur repousse plus encore que son talent ne les désavoue.

« On lui a prêté des idées de vengeance…, qui n’entrèrent jamais dans sa pensée.

« Il s’est peint lui-même dans ses vers :


Je ne sais qu’aimer ma patrie.
........
Je n’ai flatté que l’infortune.


J’aime à fronder les préjugés gothiques
Et les cordons de toutes les couleurs,