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assurément, messieurs, ce ne seraient pas les ombres de Philippe-Auguste et de Henri IV qui s’indigneraient, dans leurs tombeaux, de voir les fleurs de lis de Bouvines et d’Ivry sur le drapeau d’Austerlitz. »

« Voilà certainement une idée grande, noblement exprimée, et qu’il appartenait à un général français d’émettre avec cette chaleur d’âme qui caractérise la véritable éloquence. C’est cette même idée que le poëte a ressaisie, et qu’il a reproduite dans les strophes consacrées au Vieux Drapeau.

« Il a voulu, comme le général Foy, proposer l’alliance du passé avec le présent. La preuve, c’est qu’il dit :


Rendons-lui le coq des Gaulois.


« Certes ce n’est point là l’aigle de l’empire, d’autant mieux qu’il dit un peu plus haut que


Cet aigle est resté dans la poudre.


« Mais, dit monsieur l’avocat-général, ce coq est celui de la république. La république a pu le prendre en effet : mais M. de Marchangy est trop versé dans les antiquités gauloises, pour ignorer que longtemps avant qu’il fût question de république, le coq figurait dans les emblèmes de la nation française. Le coq des Gaulois ne signifie donc pas le coq des républicains[1].

« Qu’a voulu l’auteur ? marier deux époques, confondre des souvenirs, unir les Francs et les

  1. C’est de là que Dupaty a pris occasion de dire :

    Pris pour un aigle, un coq vous fait mettre en prison.