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reux que d’attaquer la religion même ; mais, je le répète, nous n’en sommes pas encore là…

« On voudrait armer le bras séculier en faveur des missionnaires ; mais qu’on daigne y réfléchir.

« Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il y a des missions, des jésuites et des missionnaires ! Du temps de la bulle Unigenitus, la France en fut couverte ; ils poursuivaient les pénitents, le formulaire à la main ; ils voulaient forcer les uns à se rétracter, les autres à se confesser ; ils ont persécuté tout le monde…

« Mais n’ont-ils pas éprouvé alors de contradictions ? Combien de relations burlesques de leurs courses, de leurs prédications, de leurs représentations publiques !

« Que d’écrits de tout genre dirigés contre eux, contre leurs principes, leurs vues cachées, leur insatiable avarice, leur imperturbable ambition !

« N’ont-ils pas fourni à Pascal le sujet d’un livre immortel où le sel des plaisanteries ajoute à la force des démonstrations ?

« N’ont-ils pas excité le zèle du parlement par leurs scandaleux refus des sacrements aux fidèles, par l’audace avec laquelle ils entreprenaient sur le pouvoir des évêques et des pasteurs légitimes ?

« Car ce que voulaient surtout ces prêtres nomades, ces prédicateurs ambulants, c’était d’introduire chez nous l’esprit d’ultramontanisme dont ils étaient possédés ; cet esprit destructeur des libertés de l’église gallicane.

« Ce qu’ils voulaient alors, ils le tentent encore aujourd’hui ; et le temps n’est pas éloigné, peut-être, où les cours du royaume se verront obligées de reprendre à leur égard l’ancienne jurisprudence des parlements, et de réprimer leurs entreprises avec la même sévérité.