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les gens d’église sont des gourmands, c’est à la table que l’on reconnaît l’église ! Mais ce n’est rien encore, messieurs, en comparaison de ce que dit le vieux Sydrac au chantre, dans le conseil tenu pour aviser aux moyens de replacer le lutrin :


Pour soutenir tes droits, que le ciel autorise,
Abîme tout plutôt, c’est l’esprit de l’église.


« Quoi ! l’esprit de l’église est d’abîmer tout, si peu qu’on lui résiste, lors même qu’il ne s’agit que d’un lutrin ! Et que serait-ce donc, mon Dieu, s’il s’agissait d’un grand pouvoir temporel, de riches dotations, d’une prépondérance politique !

« Voilà pourtant, messieurs, des vers qu’on imprimait librement sous Louis XIV ; des vers qui furent dédiés au premier président de Lamoignon ! Et l’on sait quelle fut la vengeance qu’on tira de l’auteur ; il fut enterré dans la Sainte-Chapelle, sous le lutrin qu’il avait chanté !

« Espérons donc que, même avec la loi projetée, il serait encore permis de signaler les ridicules d’une classe digne, par elle-même, de nos respects et de nos égards, mais dont les individus ne sont pas retranchés de la société, ni dispensés de lui payer le tribut que tout homme doit à ses semblables, quand il se montre injuste ou ridicule.

« Prouvons, en tout cas, que sous la loi actuellement en vigueur (celle du 17 mai 1819), aucune des chansons arguées ne constitue ce que cette loi a qualifié délit d’outrage à la morale publique et religieuse.

« Il est quelques chansons dont monsieur l’avocat-général n’a parlé que transitoirement, et par manière d’énonciation. Mais j’ai déjà dit que je n’aimais point