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préparation à une accusation élaborée avec soin, écrite avec recherche, et longtemps méditée, s’est joint le désagrément, plus grand encore, de voir les déclamations dont j’avais été l’objet, longuement reproduites, répandues avec profusion, et sans le contre-poids, plus que jamais nécessaire, des justifications qui devaient en paralyser l’effet.

Voilà ce qui s’est passé à la face de tout le monde ! voilà ce qu’ont remarqué tous les lecteurs de journaux, les curieux de toutes les classes, les hommes de tous les partis, et cela dans le moment même où le ministère propose une loi pour le renouvellement de la censure pendant cinq ans, et où il en propose une autre pour rendre les journalistes responsables de toute infidélité qu’ils commettraient dans le compte rendu des audiences des tribunaux.

La censure prorogée ! c’est-à-dire l’injustice, la partialité, la calomnie, rendues plus faciles, perpétuées dans des mains qui en usent avec autant de scandale et d’effronterie ! Le silence, un silence de mort placé à côté de l’arbitraire, parce qu’en effet l’arbitraire ne peut aller avec le droit de se plaindre et la possibilité d’appeler l’opinion à son aide ! La responsabilité des journaux ! comme s’il pouvait y avoir responsabilité là où il n’y a pas liberté, là où le journaliste n’est pas maître de rendre l’impression qu’il a reçue, et où le récit de ce qu’il a vu est corrigé, tronqué, mutilé par un censeur qui n’a rien