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Enfants, honorez la vieillesse !
Hélas ! hélas ! j’ai cinquante ans.

Ciel ! j’entends la mort qui, joyeuse,
Arrive en se frottant les mains.
À ma porte, la fossoyeuse
Frappe ; adieu, messieurs les humains !
En bas, guerre, famine et peste ;
En haut, plus d’astres éclatants.
Ouvrons, tandis que Dieu me reste.
Hélas ! hélas ! j’ai cinquante ans.

Mais non ! c’est vous ! vous, jeune amie !
Sœur de charité des amours !
Vous tirez mon âme endormie
Du cauchemar des mauvais jours.
Semant les roses de votre âge
Partout, comme fait le printemps,
Parfumez les rêves d’un sage.
Hélas ! hélas ! j’ai cinquante ans.