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Quand la nuit, favorable aux ruses,
Pour son or le remplit d’effroi,
Ma pauvreté sourit aux Muses :
Doux rossignols, chantez pour moi.

Vous qui redoutez l’esclavage,
Ah ! refusez vos tendres airs
À ces nobles qui, d’âge en âge,
Pour en donner portent des fers.
Tandis qu’ils veillent en silence,
Debout, auprès du lit d’un roi,
C’est la liberté que j’encense :
Doux rossignols, chantez pour moi.

Mais votre voix devient plus vive :
Non, vous n’aimez pas les méchants.
Du printemps le parfum m’arrive
Avec la douceur de vos chants.
La nature, plus belle encore,
Dans mon cœur va graver sa loi.
J’attends le réveil de l’aurore :
Doux rossignols, chantez pour moi.