Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 2.pdf/325

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Voilà monsieur le commissaire ;
Il s’attaque au roi des bossus,
Qui, trouvant un exemple à faire,
Vous l’assomme et souffle dessus.
Oubliant tout, jusqu’à leurs chaînes,
Nos gens poussent des rires fous.
L’homme est infidèle à ses peines :
Bons esclaves, amusez-vous.

Le diable vient ; l’ange rebelle
Leur plaît surtout par sa couleur.
Il emporte Polichinelle ;
Autre accroc fait à la douleur.
Cette fin charme l’auditoire :
Un noir a triomphé pour tous.
Les pauvres gens rêvent la gloire :
Bons esclaves, amusez-vous.

Ainsi, voguant vers l’Amérique
Où s’aggraveront leurs destins,
De leur humeur mélancolique
Ils sont tirés par des pantins.
Tout roi que la peur désenivre
Nous prodigue aussi les joujoux.
N’allez pas vous lasser de vivre :
Bons esclaves, amusez-vous.