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Dieu soit béni ! mais, s’il ne nous fait grâce,
Les chansonniers seront toujours fessés.

J’ai bien reçu ma part des étrivières !
Grippe-Minaud m’en donna pour trois mois.
En refaisant des nœuds à ses lanières,
Il me poursuit encor d’un œil sournois.
Si de Tartufe on n’entend les trois messes,
Si pour les grands l’encens ne brûle assez,
C’est fait de nous ! nos seigneurs les Jean-fesses
Aiment à voir les bonnes gens fessés.

Vous qui chantez comme on chante au bel âge j,
Des rois, des saints, ne plaisantez donc pas ;
Ou, trop enclin au joyeux persiflage,
Vivez longtemps, allez bien tard là-bas.
Car en enfer on marque votre place ;
Des noirs démons les bras sont retroussés.
Vous et Collé, même aussi votre Horace,
Ensemble un jour vous serez tous fessés.