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« Les chants d’allégresse ont troublé
« Les vieux échos des Pyramides.
« Les siècles pour tant de hauts faits
« N’auront point assez de mémoire.
« Sauvages ! nous sommes Français ;
« Prenez pitié de notre gloire.

« Un homme enfin sort de nos rangs ;
« Il dit : « Je suis le dieu du monde. »
« L’on voit soudain les rois errants
« Conjurer sa foudre qui gronde.
« De loin saluant son palais,
« À ce dieu seul ils semblaient croire.
« Sauvages ! nous sommes Français ;
« Prenez pitié de notre gloire.

« Mais il tombe ; et nous, vieux soldats,
« Qui suivions un compagnon d’armes,
« Nous voguons jusqu’en vos climats,
« Pleurant la patrie et ses charmes.
« Qu’elle se relève à jamais
« Du grand naufrage de la Loire !
« Sauvages ! nous sommes Français ;
« Prenez pitié de notre gloire. »

Il se tait. Un sauvage alors
Répond : « Dieu calme les orages.
« Guerriers ! partagez nos trésors,
« Ces champs, ces fleuves, ces ombrages.
« Gravons sur l’arbre de la Paix
« Ces mots d’un fils de la Victoire :