Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 2.pdf/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Là Dieu du moins nous crée une famille,
Là son amour éteint tous les amours.

Où donc est-il l’époux que ma jeunesse
Avait rêvé jeune, beau, caressant ?
Entre ses bras ma pudique tendresse
Eût été seule un philtre assez puissant.

De mon hymen, oui, la froideur me tue.
D’un plaisir chaste allumons le flambeau ;
Ah ! cessons d’être une vaine statue,
Dont un mari décore son tombeau.

La tendre vieille a dit : « Soyez docile,
« Et dès demain renaîtront vos couleurs ;
« Demain moi-même au seuil de votre asile
« Je suspendrai deux couronnes de fleurs. »

Meurs, il le faut ; meurs, ô toi qui recèles
Des dons puissants, à la volupté chers !
Rends à l’Amour tous les feux que tes ailes
Ont à ce dieu dérobés dans les airs.