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Cette ambition n’est point rare,
Même ailleurs que chez les héros.
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

Dans le rang que toi-même espères,
Trompés par des flatteurs câlins,
Que de rois se disent les pères
D’enfants qui se croient orphelins !
Régner, c’est n’être point avare
De lois, de rubans, de grands mots.
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

Quand tu combattrais avec gloire,
Sache que plus d’un conquérant
Se voit arracher la victoire
Par un général ignorant.
Un Anglais, aidé d’un Tartare,
Foule aux pieds de nobles drapeaux.
Croyez-moi, prince de Navarre,
Prince, faites-nous des sabots.

Combien d’agents illégitimes
Servent la légitimité !
Trop tard sur les malheurs de Nîmes
On éclairerait ta bonté.
Le roi qu’au Pont-Neuf on répare[1]
Parle en vain pour les huguenots.

  1. On s’occupait alors de relever la statue de Henri IV.