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de ce que dit un homme de ce caractère ; cependant, après avoir lu un certain nombre de ses belles chansons, qui respirent tout le parfum de la poésie antique, on éprouve bien de la peine à se défendre de l’incrédulité. Mais si Béranger n’a lu ni Homère, ni Virgile, ni Horace et leurs pareils, dans leur propre idiome, il n’en a pas moins fait de ces auteurs une étude approfondie, qui éclate par ses jugements sur eux, et surtout par sa manière de composer et d’écrire : on dirait qu’en se pénétrant de leur substance, il a deviné le caractère et les formes de leur style, réfléchi par celui de nos grands écrivains, qu’il a tant étudiés dans un travail continuel de sa tête méditative. Béranger, qui ne les copie jamais, doit beaucoup à Montaigne, à Molière, et à notre fabuliste. »

À dix-sept ans, muni d’un premier fonds de connaissances et des bonnes instructions morales de sa tante, Béranger revint à Paris auprès de son père. Vers dix-huit ans, pour la première fois, l’idée de faire des vers se glissa dans sa tête, sans doute à l’occasion de quelques représentations théâtrales auxquelles il assistait. La comédie fut son premier rêve : il en ébaucha une, intitulée Les Hermaphrodites, où il raillait les hommes fats et efféminés, les femmes ambitieuses et intrigantes. Mais, ayant lu avec soin Molière, il renonça, par respect pour ce grand maître, à un genre d’une si accablante difficulté. Molière et La Fontaine étaient alors ses auteurs favoris ; il étudiait leurs moindres détails d’observation, de vers, de style, et arrivait par eux à deviner, à sentir, à apprécier son propre talent.

Ses premiers essais dramatiques ne lui furent pas in-