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bravé les ciseaux de la censure et les ongles de la main de justice pour venir à mon secours dans les moments périlleux. Nul doute que sans eux on ne m’eût fait payer plus chèrement la témérité de mes attaques. Je ne suis point de ceux qui oublient les obligations qu’ils ont à la presse périodique.

Je me fais un devoir d’ajouter que même les journaux de l’opinion la plus opposée à la mienne, tout en repoussant l’hostilité de mes principes, m’ont paru presque toujours garder la mesure qu’un homme convaincu a droit d’attendre de ses adversaires, surtout quand il ne s’en prend qu’à ceux qui sont en position de se venger.

J’attribue cette bienveillance si générale à l’empire qu’exerce en France le genre auquel je me suis exclusivement livré. Cela seul suffirait pour m’ôter toute envie d’accoler jamais aucun autre titre à celui de chansonnier, qui m’a rendu cher à mes concitoyens.