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Puisses-tu, maîtresse adorée !
Te plaindre encor de sa durée !
Viens aux champs couler d’heureux jours ;
Les champs ont aussi leurs amours.

Quand l’été vers un sol fertile
Conduit des moissonneurs nombreux ;
Quand, près d’eux, la glaneuse agile
Cherche l’épi du malheureux ;
Combien, sur les gerbes nouvelles,
De baisers pris aux pastourelles !
Viens aux champs couler d’heureux jours ;
Les champs ont aussi leurs amours.

Quand des corbeilles de l’automne
S’épanche à flots un doux nectar,
Près de la cuve qui bouillonne
On voit s’égayer le vieillard ;
Et cet oracle du village
Chante les amours d’un autre âge.
Viens aux champs couler d’heureux jours ;
Les champs ont aussi leurs amours.

Allons visiter des rivages
Que tu croiras des bords lointains.
Je verrai, sous d’épais ombrages,
Tes pas devenir incertains.
Le désir cherche un lit de mousse ;
Le monde est loin, l’herbe est si douce !
Viens aux champs couler d’heureux jours ;
Les champs ont aussi leurs amours.