Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/260

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Par eux la terre asservie
Voyait tous ses rois vaincus.
    Rassurez-vous, ma mie ;
    Je n’en parlerai plus.

Sans me lasser de vos chaînes,
J’invoquais la liberté ;
Du nom de Rome et d’Athènes
J’effrayais votre gaîté.
Quoique, au fond, je me défie
De nos modernes Titus,
    Rassurez-vous, ma mie ;
    Je n’en parlerai plus.

La France, que rien n’égale,
Et dont le monde est jaloux,
Était la seule rivale
Qui fût à craindre pour vous.
Mais, las ! j’ai pour ma patrie
Fait trop de vœux superflus.
    Rassurez-vous, ma mie ;
    Je n’en parlerai plus.

Oui, ma mie, il faut vous croire ;
Faisons-nous d’obscurs loisirs.
Sans plus songer à la gloire,
Dormons au sein des plaisirs.
Sous une ligue ennemie
Les Français sont abattus.
    Rassurez-vous, ma mie ;
    Je n’en parlerai plus.