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N’ayant point encor d’équipage,
Je pars à pied modestement,
Quand de bons vivants, au passage,
M’offrent un déjeuner charmant.
J’accepte ; mais que l’on se presse,
Dis-je à ceux qui me font ce tour.
                Ah ! quel beau jour !
Messieurs, je vais voir une altesse ;
Respectez mon habit de cour.

Le déjeuner fait, je m’esquive ;
Mais l’un de nos anciens amis
Me réclame, et, joyeux convive,
À sa noce je suis admis.
Nombreux flacons, chants d’allégresse,
De notre table font le tour.
                Ah ! quel beau jour !
Pourtant j’allais voir une altesse,
Et j’ai mis un habit de cour !

Enfin, malgré l’aï qui mousse,
J’en veux venir à mon honneur.
Tout en chancelant je me pousse
Jusqu’au palais de monseigneur.
Mais, à la porte où l’on se presse,
Je vois Rose, Rose et l’Amour.
                Ah ! quel beau jour !
Rose, qui vaut bien une altesse,
N’exige point d’habit de cour.

Loin du palais où la coquette
Vient parfois lorgner la grandeur,